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À propos du projet

L’intimité chez les personnes d’âge avancé demeure un sujet tabou. Elle est souvent ignorée ou l’on suppose qu’elle n’existe plus. Dans les cas où l’on s’intéresse quand-même à la sexualité des personnes âgées, il s’agit souvent d’un point de vue médical. Ce tabou s’applique à tous les sexes, mais les femmes âgées se retrouvent en général confrontées à des perceptions plus négatives que les hommes, et plus tôt dans leur vie. En plus, les femmes sont supposées perdre leur intérêt sexuel plus tôt que les hommes, et la perte de leur jeunesse les affecte de façon plus négative. Les désirs sexuels des femmes sont censés disparaître en vieillissant. La sexualité des femmes âgées est souvent considérée comme inappropriée, et constitue un sujet de moqueries et de blagues stupides. Bien qu’il existe des récits plus positifs qui prennent la sexualité et l’attractivité tout au long de la vie pour acquise, ceux-ci se révèlent tout aussi âgistes. En effet, ils sont toujours fondés sur des idéaux de jeunesse. Le discours sur le vieillissement sans problème souligne que la femme est capable (et obligée) de rester sexuellement active et attirante. La sexualité y est considérée à la fois comme le résultat d’efforts personnels (gym, chirurgie plastique, produits de beauté, etc.) et une condition nécessaire pour acquérir une vieillesse saine et énergique. Alors que les discours sur le vieillissement réussi font preuve de la normalisation de la sexualité plus tard dans la vie, l’image d’une vie sexuelle active y est uniquement réservée aux personnes âgées qui conservent une apparence jeune et en pleine forme. L’asexualité par conséquence est considérée à tort comme pathologique.

A propos de l’intimité et la sexualité des femmes âgées, les récits de vieillissement réussi reproduisent des points de vue âgistes, stéréotypés et nuisibles, autant que les récits de déclin. Nous avons besoin d’un récit radicalement différent.

Le projet LiLI vise à développer un discours affirmatif de l’intimité et de la sexualité qui soit fondé sur la sagesse, les connaissances et les expériences vécues des femmes âgées elles-mêmes. Nous sommes particulièrement intéressés par les expériences et les idées qui pourraient faire basculer les stéréotypes dominants. Les expériences et les idées “indisciplinées” des femmes qui ne font pas partie du courant dominant en raison de leur âge, de leur sexe, de leur sexualité, de leur style de relation, de leurs capacités, de leur origine ethnique, etc. sont cruciales pour l’élaboration d’une théorie critique et affirmative de la sexualité des femmes âgées.

  • En parlant de “femmes”, nous entendons toutes les personnes qui peuvent s’identifier à ce terme, mais nous sommes également intéressés par les expériences des personnes qui ne peuvent souscrire à ce terme sans ambiguïté, et qui, par exemple, préfèrent se définir plutôt comme non-binaires ou qui ne s’identifient qu’occasionellement comme des femmes.
  • Nous ne considérons pas non plus “l’âge” comme un concept absolu. Nous nous intéressons à l’exclusion par l’âge, indépendamment de l’âge chronologique. Néanmoins, dans notre étude nous utilisons l’âge moyen (en gros entre quarante et soixante ans) comme limite inférieure, car les recherches montrent que les femmes vivent cet âge comme un tournant significatif.
    Le fait que cette étude se concentre sur la sexualité des femmes d’âge moyen à très avancé ne signifie pas que nous n’apprécions pas les différences dans leurs expériences. En plus, pour nous l’utilisation des termes “vieux/vieille” ou “plus vieux/vieille”, pour un large groupe de femmes, est également une stratégie visant à normaliser ces termes et à les débarrasser de leurs connotations négatives. Nous voulons récupérer la dénomination “vieux/vieille” en tant qu’une référence à la dignité et à l’appréciation.
  • Nous partons également d’une interprétation très large de l’intimité et de la sexualité, et nous utilisons ces termes pour désigner tout un éventail de pratiques, de sentiments et d’identités liés à la proximité émotionnelle et physique, mais aussi à la recherche du plaisir et de la jouissance de son propre corps.

Nous ancrons cette recherche dans plusieurs disciplines scientifiques, notamment l’anthropologie, la géographie sociale, les sciences culturelles et médiatiques et la philosophie féministe:

  • Notre étude anthropologique se concentre sur les pratiques intimes et sexuelles et recueille les récits de femmes d’âge moyen et plus âgées sur l’expérience de leur sexualité et de leur vie intime.
  • Par l’étude géographique sociale nous examinons dans ce projet la manière dont l’espace physique et numérique est organisé, ainsi que la manière dont il limite, permet et/ou façonne l’expérience intime à un âge avancé. Nous abordons différentes formes de logement, mais aussi des espaces semi-publics qui peuvent faciliter l’intimité (comme les clubs, les bains publics, les sites de rencontre, etc.)
  • L’étude de la culture et des médias s’intéresse aux représentations. Nous analysons les différents médias et d’autres produits culturels qui représentent les femmes d’âge moyen et plus âgées, mais nous étudions également le processus de création de ces produits et comment les femmes âgées les perçoivent.
    Dans la phase finale de la recherche, ces trois composantes seront réunies dans une analyse philosophique féministe intégrée.

Cette recherche a été rendue possible grâce au financement du Conseil Européen de la Recherche (ERC) dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union Européenne (convention de subvention n° 851666). L’Université de Gand agit comme institut hôte, et tous les membres de l’équipe sont affiliés au Centre de Recherche sur la Culture et le Genre (CRCG), au sein du Département des Langues et des Cultures de la Faculté des Arts et de la Philosophie de cette même université. Le projet a débuté le 1er mai 2020 et se terminera le 31 octobre 2025.

Appel à participation à la recherche scientifique

Nous recherchons des femmes de plus de 50 ans prêtes à participer à un interview ou à un groupe de discussion sur l’intimité et la sexualité à ce stade avancé de la vie. Nous recherchons spécifiquement :

  • des femmes lesbiennes, bisexuelles, queer et non-binaires de plus de 50 ans ;
  • des femmes de plus de 50 ans adeptes du BDSM ou d’autres sous-cultures sexuelles ;
  • des femmes de plus de 50 ans vivant dans des milieux de vie divers, telles que des communautés, des co-logements, des logements kangourous ou d’autres formes de vie multi-générationnelle, des maisons de retraite, etc.
  • les femmes qui, plus tard dans leur vie, ont participé à des retraites de tantra, à des vacances de danse latino-américaine ou à du tourisme romantique ;
  • les productrices de médias (par exemple, les réalisatrices, les scénaristes, les actrices, les mannequins, les créatrices de bandes dessinées et de romans graphiques, les poètes, les écrivaines, les créatrices de zines, les artistes de la performance et des arts visuels, les craftivistes, les brodeuses (érotiques), les photographes,…) qui remettent en question les stéréotypes sur le genre, la sexualité et l’âge ;
  • 50+ femmes militantes en faveur de la justice sociale.

    Voulez-vous participer à notre projet de recherche et nous aider à changer l’image négative dominante du vieillissement et de la sexualité de la femme ? Envoyez un message à lili@ugent.be et nous vous enverrons plus d’informations sur les interviews ou d’autres possibilités de participation à la recherche. Vous connaissez d’autres personnes qui pourront nous aider ? N’hésitez pas à leur envoyer nos coordonnées.

Partagez votre histoire

Vous êtes une femme de plus de 50 ans et vous souhaitez partager votre expérience de l'intimité et de l'(a)sexualité sur ce site web? Envoyez-nous votre histoire ! Nous sommes intéressés par les témoignages personnels de femmes sur leurs expériences par rapport au corps vieillissant, aux relations, à l'intimité et à la sexualité.